Exposition à venir à partir du 01 juillet 2023 : 3 céramistes sculpteurs exposent au Trampoline dans le cadre des Rencontres de la Céramique Actuelle.
« Une pièce réussie qui sort de l’épreuve du feu sera porteuse de ce paradoxe ; née dans l’espace d’un mois, d’une saison, dans le temps court d’une vie d’homme, elle donne à voir et à caresser, dans son existence minérale, le fruit du mariage intemporel des éléments, tout comme si sa genèse avait été l’éternité.»
(Jean Girel, Entretien avec Ghislaine Vappereau, juillet 2016).
ETC TERRA : exposition sculptures Céramiques
La terre est souvent associée à la vie, à la fertilité, à la croissance et à la transformation, ainsi qu’à la mort et à la régénération. Il est question de transmettre au travers de cette exposition un message d’espoir, pour encourager la résilience, ou pour transformer notre compréhension de la réalité, notre capacité à vivre, afin d’inspirer le visiteur à voir le monde avec optimisme et confiance en l’avenir. Cette exposition fera un zoom sur les architectures de Martine. « Courtisanes, les architectures dansent et transcendent les ruines en constructions animées des forces de vies essentielles » .
On les regarde à hauteur de paysage, aussi on se baisse, on fouille, on cherche un lien avec le passé avec les œuvres de Tini évoquant la mémoire des objets ; puis on se penche sur l’invisible à l’œil nu des microorganismes de Marilys qui bousculent la perception du vivant.
Le fil conducteur de nos trois céramistes est la matière, son intemporalité, avec pour chacune la narration de paysages, le temps qui passe, la cellule à l’origine de la vie.
Ces formes telluriques, ces sculptures vont chercher les secrets du monde de dessous pour les exprimer, ici et maintenant, au grand jour. Elles nous parlent du monde et de la place que l’on y tient. L’eau, la terre, le feu en sont les composants essentiels, et leur transmutation par l’intervention de l’artiste fait naître des révélations de mystères, ingrédients d’une spiritualité discrète, qui laisse à chacun la liberté de sa propre découverte.
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LES ARTiSTES iNViTES
«Travailler la terre comme on travaille sur soi. Travailler l’argile comme on travaille en soi.
Ce que nous façonnons à l’extérieur ne serait-il pas le reflet de notre être intérieur mais
y a-t-il réellement une frontière ? Les allers-retours entre nos différents états, intérieurs/extérieurs, nourrissent l’expression de notre créativité. En mélangeant les matières, conjuguant nos textures, nous pétrissons notre argile en même temps que nous libérons notre moi profond. Reflet de ce que nous éprouvons face à la vie, nous voguons sur la houle de notre prisme personnel. Tel un travail de couturière fait de petits points en allers-retours, la matière se transforme patiemment. L’oeuvre est sans frontière». Martine Le Fur
TINI CHOUVENC
Après une formation d’éducatrice spécialisée, Tini s’est formée à la céramique au CNIFOP à Saint Amand en Puisaye (CAP Tournage), puis elle a suivi la formation Céramiste à Dieulefit. Elle installe son atelier en Haute Loire en Janvier 2022. Sa sensibilité aux questions sociales reste constante dans son parcours et se retrouve dans sa démarche artistique.
Ses pièces en céramique sont généralement cuites à basse température et recouvertes d’engobes vitrifiés ou enfumés.
«En tant que plasticienne céramiste, je m’ intéresse à la relation intime que nous entretenons avec notre monde matériel, comment l’objet-souvenirs nous aide à nous situer et à nous ancrer dans notre propre histoire. L’objet, usé par le temps, garde en mémoire l’essence de l’Homme et vient nous rappeler des histoires empreintes d’usages, de coutumes, d’événements et d’émotions. A partir de rencontres et de récits, je modèle les objets du quotidien à travers le filtre de la mémoire. Ils deviennent ainsi des objets intemporels, objets résidus, souvenirs fossilisés d’un moment passé».
Pour cette exposition Tini a fait le choix de faire cohabiter plusieurs de ses travaux. Ainsi, ses monotypes Réminiscence prennent place à côté des Vestiges, des Archéologies de l’intime, des Structures mémorielles et des Bijoux fragments. Si chaque collection a une histoire particulière, toutes ont un lien avec la mémoire.
MARTINE LE FUR
Avec un peu de grès et de porcelaine, la céramiste Martine sculpte en priorité l’argile dont l’existence rustique et immémoriale exhale ensemble l’historicité et l’intemporalité de la matière. Matière simple, naturelle, primitive que l’artiste combine infiniment, qu’elle nuance par la structure, le geste, de rares engobes, la cuisson parfois poussée à la carbonisation ou l’adjonction d’éléments métalliques.
«Après avoir étudié puis travaillé de façon académique aux Beaux-Arts de Rouen, très vite, la curiosité et la soif d’aventure m’ont fait prendre un virage radical.
En recherche raisonnable et progressive puis libre aujourd’hui, je dialogue avec les matières. C’est parce que l’expression expérimentale est un langage à part entière que j’ai choisi de marier les formes et les matières avec gourmandise et espièglerie ».
Dans l’élaboration de ses œuvres, Martine Le Fur est soucieuse de l’émotion suscitée. Elle joue avec les contrastes visuels et tactiles afin de perdre les sens. Ses formes, sobres, tantôt architecturales, tantôt organiques ou végétales, invitent au questionnement .
Comme un regard extérieur, ses œuvres sobres et intemporelles traitent de la présence et de l’absence, de nos relations au monde. Elles témoignent de notre comportement humain.
MARILYS MENAL
Marilys Ménal travaille le grès, en cuisson électrique. La recherche d’émail occupe une place prépondérante dans son travail.
Scientifique de formation, elle se passionne pour tout ce que fait l’Homme pour décrire et classifier le monde qu’il habite, que celui-ci soit organique ou inorganique, et notamment à l’imagerie scientifique, du XVIIIème siècle à nos jours.
Elle est désormais installée à Saint Rémy de Blot, en Auvergne et s’inspire et s’émerveille de son environnement proche : paysages, roches, lichens.
« Je découvre les arts céramiques en 2003, dans les cours du soir de la ville de Clermont Ferrand.
A partir de 2006, je me forme notamment aux cuissons rapides avec Jean-François Delorme et Brigitte Marionneau et à la recherche d’émaux haute température avec Alain Valtat. J’apprends le tournage pendant 6 mois auprès de Gilles Bouyer. Après 12 mois de formation, j’obtiens en août 2020 le diplôme de créatrice en arts céramiques à l’Institut Européen des Arts Céramiques de Guebwiller .
Je suis fascinée par l’émail, par la cuisson qui fige en quelques heures ce que la nature a mis des centaines de milliers d’années à élaborer. Par la cuisson de haute température, je rejoue un métamorphisme imaginaire. Le temps long de la géologie, de la terre, des minéraux fait écho en moi à celui du temps long de la création céramique ».
Ses œuvres se veulent un hommage aux historiens, scientifiques, grands voyageurs qui eurent la volonté de montrer la diversité du monde et de la faire partager à tous, en particulier grâce aux cabinets de curiosités.